Ceratina

author(s) : M. Terzo
Espèce type : Hylaeus albilabris Fabricius 1793 = Apis cucurbitina Rossi 1792, monobasique.

Ceratina Latreille 1802

France
Ceratina (Ceratina) cucurbitina (Rossi 1972)
= Apis cucurbitina Rossi 1792 : 145. (Nom numéro 2505 de l’Official List of Generic Names in Zoology, par action de la Commission internationale de Nomenclature zoologique, Op. 1001, 1973 : 84). Type : Italie, Etrurie (région partagée par les provinces de Toscane et d’Ombrie).
= Hylaeus albilabris Fabricius 1793 : 305. Type : Barbariae (région côtière de l’Afrique du Nord); mis en synonymie par Gerstaecker 1869 : 174.
= Ceratina decolorans Brullé 1832 : 340 ($). Lectotype : mâle; Grèce, Morée (Péloponnèse); MNHN; désigné par Daly 1983 : 40; mis en synonymie par Gerstaecker 1869 : 174.

Dans toute son aire de distribution, C. cucurbitina est la seule espèce de taille moyenne (aile antérieure de plus de 4,5 mm) qui ne présente pas de reflet métallique mais une cuticule noire et luisante. Les espèces du sous-genre Neoceratina (Balkans et Anantolie) et C. parvula sont également noires, sans reflet métallique, mais sont beaucoup plus petites que C. cucurbitina.

Les femelles sont estivales, avec un pic d’abondance en juillet. Les mâles sont plus printaniers, avec un pic d'abondance en mai. Les deux sexes sont présents de mars à octobre.
La plupart des observations montrent que C. cucurbitina niche de préférence dans les tiges de Rubus, dont notamment Rubus ulmifolius Schott. En France, elle niche également dans des tiges de Daucus carota L., Dipsacus sp., Euphorbia characias L., Foeniculum vulgare Mill., Sambucus nigra L. et Vitis vinifera L. En Grèce, le Père A.W. Ebmer a observé un nid dans une tige de Vitex sp.
Cette espèce peut faire des nids très populeux (plus de dix individus). Elle butine nombre d'espèces et de familles de plantes à fleurs mais semble toutefois préférer les Lamiacées et les Astéracées.
Ceratina (Dalyatina) parvula Smith 1854
= Ceratina parvula Smith 1854 : 223 (£). Holotype : femelle; Albanie; MNH; revu par Daly 1983.
= Ceratina pygmaea Lichtenstein 1872 : LXXIII. Type : femelle; France : Montpellier; Muséum d’Histoire Naturelle, Geneva; mis en synonymie par Lichtenstein 1876 : 90; synonymie confirmée par Daly 1983 : 42.
= Ceratina scintilla Cockerell 1931 : 351 (£). Type : femelle; Maroc : Asni; MNH; mis en synonymie par Daly 1983 : 42.

Ceratina parvula est la plus petite des espèces du genre Ceratina en région ouest-paléarctique (aile antérieure de moins de 2,5mm). On ne peut la confondre avec aucune autre espèce. Comme C. cucurbitina, la cuticule est noire, sans reflet métallique, avec une marque claire sur le lobe pronotal, le clypeus et la base des tibias; ponctuation très fine et pratiquement inexistante sur la tête; la joue des femelles forme un angle; hanche antérieure avec l'angle latéro-basal allongé en forme de lamelle; tergite 7 du mâle avec la marge postérieure largement tronquée, bidentée.

Elle est présente dans tous les pays méditerranéens à l’exception de la Libye et de l’Egypte (Terzo 1998) et s’étend jusqu’au Kopet Dag en Asie centrale (Terzo & Rasmont 2004). En Méditerranée, sa distribution est essentiellement côtière. C’est le cas en France où elle semble assez rare et localisée mais sa très petite taille la rend très discrète et ses effectifs sont probablement sous-évalués (Le Goff & Terzo 1999).
Sa phénologie est essentiellement estivale, avec un pic d'abondance en juillet pour les femelles. En France, nous n’avons observé aucun mâle. Sur la base des données de Daly (1983), ils semblent plus printaniers que les femelles.
Elle niche dans les tiges de Rubus sp. Lichtenstein (1876) a découvert un nid dans une tige de Rhus coriaria L. (Anacardiaceae). A Chypre, Mavromoustakis (1949) a découvert des nids dans des tiges sèches de Anchusa sp., Echium sp. (Boraginaceae) et Asphodelus sp. (Liliaceae). Le diamètre de la galerie va de 1,3 à 1,7 mm (3 nids mesurés) et peut comporter près d’une dizaine d’individus.
Le Goff (1995) et Le Goff & Terzo (1999) donnent de plus amples informations sur la biologie de l'espèce.
En France, Le Goff (1995) l'a observée sur Lavandula latifolia Méd. Nous n'avons pas d'autres données originales. A Chypre, Mavromoustakis (1949) l'a observée sur Rubus ulmifolius anatolicus Focke (Rosaceae). Pour l'Algérie, Saunders (1908) ajoute Centaurea seridis L. (Asteraceae).

Ceratina (Euceratina) callosa (Fabricius 1794)
= Apis callosa Fabricius 1794 : 460. Néotype : mâle; Italie; MNH; désigné par Daly 1983 : 45.
Certaina callosa est une espèce de taille moyenne, comprise entre C. cyanea et C. chalybea, à cuticule bleu sombre, au lobe pronotal clair et au clypeus de la femelle noir ou à tache réduite. Elle est souvent confondue avec deux espèces sympatriques, C. chalybea et C. mocsaryi. Les mâles de ces trois espèces sont aisément identifiables grâce à la combinaison des caractères de pilosité du fémur postérieur, de la carène hypostomienne et de la forme du tergite 7. Chez C. callosa, la carène hypostomienne est peu développée sur toute sa longueur, la brosse ventrale du fémur postérieur est courte et de longueur constante et le lobe apical du tergite 7 est étroit, aux marges latérales légèrement concaves. Chez C. chalybea, la carène hypostomienne s'élève fortement postérieurement, la brosse ventrale du fémur postérieur présente des soies plus longues à l'apex et le lobe apical du tergite 7 est largement arrondi, aux marges latérales convexes. Chez C. mocsaryi, la carène hypostomienne est fortement élevée sur toute sa longueur, la brosse ventrale du fémur postérieur est longue et l'apex du tergite 7 est bifide. Les femelles de ces trois espèces se reconnaissent essentiellement à la forme de leur carène hypostomienne, identique à celle du mâle.
Elle n’existe qu’au Maghreb, dans les péninsules ibérique et italique et dans le sud de la France (Terzo & Rasmont 1997a). En France, elle est restreinte à la région méditerranéenne, surtout près des côtes. Une seule donnée dans les Hautes-Pyrénées s’écarte de ce schéma. Essentiellement présente en plaine, elle peut parfois se rencontrer jusqu'à près de 2.000 m.
Elle niche essentiellement dans les tiges de Rubus, dont Rubus ulmifolius Schott. Daly (1983) l'a également observée dans des tiges de plantes herbacées. Le diamètre de la galerie va de 2,7 à 3,5 mm (3 nids mesurés).
Le faible nombre de données semble indiquer que les femelles sont estivales, avec un pic d'abondance en juillet, et que les mâles sont un peu plus précoces que les femelles.
Bien que l'espèce ait été récoltée en quantité, les données florales sont rares et ne concernent que les Asteraceae, les Lamiaceae, les Boraginacées (Echium), les Convolvulacées (Convolvulus) et Rur-tacées (Ruta).
Ceratina (Euceratina) cyanea (Kirby 1802)
= Apis cyanea Kirby 1802 : 308 ($,£). Lectotype : femelle; Angleterre : est-Suffolk; MNH; désigné par Yarrow 1970 : 171.
= Ceratina coerulea Smith 1855 : 194 (£). Type : femelle.
= Ceratina coerulea Chevrier 1872 : 490; Switzerland : Nyon (homonyme de Ceratina coerulea Dufour & Perris 1840 : 15, 22), mis en synonymie par Friese 1896 : 53.
= Ceratina chevrieri Tournier 1876 : 86; France; mis en synonymie par Friese 1896 : 53.
= Ceratina cyanea var. imitatrix Markowsky 1938 : 76. Lectotype : femelle; Allemagne : Mittenwalde; MNHU; désigné par Daly 1983 : 49.

Ceratina cyanea est une la plus commune des petites espèces à cuticule bleu sombre. Le lobe pronotal noir sauf en péninsule ibérique où il est blanc. Le labre est le clypeus sont blancs chez le mâle, noir chez la femelle (rarement avec une très petite tache blanche longitudinale sur le clypeus). On peut facilement la confondre avec C. nigrolabiata ou avec les petits spécimens de C. callosa.
Elle présente la plus vaste distribution holoméditerranéenne du sous-genre Euceratina (Terzo 1998). Paradoxalement, elle est quasiment absente du Maghreb (Daly 1983). Elle est la seule espèce qui soit largement distribuée au-delà des 52° de latitude Nord et qui ait franchi la Manche et la Mer du Nord pour atteindre l'Angleterre et le sud de la Norvège (Strand 1898). Vers l'est, elle s'étend jusqu'aux frontières de l'Asie Centrale (Terzo & Rasmont 2004). Elle est la plus fréquente en plaine et peut atteindre les 2.250 m d'altitude. En France, elle est surtout abondante dans le Midi mais on la rencontre dans toutes les autres régions. Dans l’ouest par exemple, c’est la seule espèce qui atteigne la Bretagne. Elle est commune en Belgique mais les observations plus au nord sont rares.
Elle est clairement univoltine et estivale avec un pic d'abondance en juillet pour les femelles et de mai à juillet pour les mâles.
Elle niche principalement dans les tiges de Rubus sp. mais on a pu l'observer également dans des tiges de Sambucus sp., Euphorbia characias L. et Vitis vinifera L. Le diamètre de la galerie va de 2,1 à 3,4 mm pour une valeur médiane de 2,6 mm (30 nids mesurés).
Elle est l’espèce la plus commune et la plus largement distribuée dans toute la région ouest-paléarctique. Les données florales sont par conséquent très nombreuses et variées. Elle est très polylectique.