Melittidae de Belgique (Macropis)

author(s) : Michez D.
La famille des Melittidae est, en nombre d’espèces, l’une des plus petites familles communément reconnue au sein de la super-famille des Apoidea. En effet, sur les 16000 espèces d’abeilles décrites à travers le monde, seules ~170 espèces sont des Melittidae (Michener, 2000).
D’un point de vue morphologique, les Melittidae ont longtemps été considéré comme faisant le « lien » entre les deux grands groupes d’abeilles, le groupe des abeilles à langue longue et le groupe des abeilles à langue courte (Alexander, 1992 ; Alexander & Michener, 1995 ; Michener, 1944, 1981 ; Michener & Greenberg, 1980 ; Rozen & McGinley, 1974). En effet, comme l’ensemble des langues courtes (Andrenidae, Colletidae, Halictidae), les Melittidae présentent de nombreux caractères morphologiques primitifs, tels les segments des palpes labiaux de longueur égale (Michener, 1981 ; Rozen, 1986). Cependant, ils se distinguent par un submentum échancré en V, synapomorphie qu’ils partagent avec les Megachilidae et les Apidae (groupe des abeilles à langue longue). Malheureusement, les Melittidae ne se distinguent pas des autres abeilles par un caractère simple et précis mais par une combinaison originale de plusieurs caractères. Les différents genres sont plus faciles à reconnaître à priori.
D’un point de vue écologique, au stade actuel des connaissances, les Melittidae se distinguent par l’oligolectisme (i.e. spécialisation des choix floraux) de la plupart des espèces. En effet, les genres Capicola Friese 1902, Dasypoda Latreille 1802, Macropis Panzer 1809, Melitta Kirby 1802 ou encore Rediviva Friese 1911 sont déjà bien connus pour leurs choix floraux orientés voire exclusifs (Benedek, 1969 ; Malyshev, 1929 ; Michez, 2001 ; Michez et al. 2004a, b, 2006 ; Michez & Patiny, 2005, 2006 ; Pouvreau & Loublier, 1995 ; Whitehead & Steiner, 1993).
Sur les 14 genres décrits, Rasmont et al. (1995) en recensent trois genres en Belgique: Dasypoda, Macropis et Melitta. Plus précisément, Rasmont et al. (1995) notent la présence de 7 espèces de Melittidae en Belgique : Dasypoda hirtipes (Fabricius 1793), Macropis europaea Warncke 1973, Macropis fulvipes (Fabricius 1804), Melitta haemorrhoidalis (Fabricius 1775), Melitta leporina (Panzer 1799), Melitta nigricans Alfken 1905 et Melitta tricincta Kirby 1802.

Macropis 

Belgium
M. europaea Warncke 1973
Les Macropis se distinguent notamment par leurs 2 cellules cubitales, le clypeus jaune des mâles et la plaque pygidiale bien développée chez les deux sexes. Par ailleurs, les femelles présentes des soies très particulières sur les pattes antérieures et médianes qui leur permettent de récolter l’huile produite par les fleurs de Lysimaque (Primulaceae). Cette huile est mélangée au pollen de la plante pour nourrir les larves (Cane, 1983). Les Lysimaques ne produisent pas de nectar. Les Macropis (mâle et femelle) doivent donc visiter les fleurs aux alentours pour trouver leur source de sucre.
La relation entre les Macropis et les plantes productrices d’huile est probablement très ancienne. On a trouvé récemment en France un fossile morphologiquement très proche des Macropis datant de 53 millions d’année. Ce fossile portait sur ses pattes des structures probablement liées à la récolte d’huile.
Les genre Macropis comprend 16 espèces (Michez & Patiny, 2005). Il est distribué dans toute la région Holarctique (Eurasie + Amérique du Nord). Trois espèces sont présentes en Europe et quatre en Amérique du Nord. L’Asie orientale est la région la plus diversifiée pour les Macropis où les trois sous-genres décrits sont présents.

Diagnose Macropis europaea
Femelle. Présence de brosse de récolte sur les pattes postérieures. Clypeus noir. Antenne composée de 12 articles. Tb2 à pilosité brune. Bt3 avec la face interne à pilosité noire. Tb3 à pilosité blanche. T4 densément ponctué. Postscutellum avec la marge apicale à pilosité brune.
Male. Absence de brosse de récolte sur les pattes postérieures. Clypeus jaune. Antenne composée de 13 articles. Base des mandibules avec une petite marque jaune circulaire. Labrum noir, parfois avec un petit spot jaune au centre. Apex du Tb3 inerme; 2 éperons subégaux. Plaque basitibiale noire. Pp élargie à la base. Partie intérieure du Bt3 avec un éperon latéral plat. Apex du S8 avec une dent externe très fine. Gonostylus échancré sur un tiers de la longueur. Europe.
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M. fulvipes (Fabricius 1805)
Diagnose.
Femelle. Présence de brosse de récolte sur les pattes postérieures. Clypeus noir. Antenne composée de 12 articles. Tb2 à pilosité jaune. Bt3 avec la face interne à pilosité jaune. Tb3 à pilosité jaune. T4 ponctué de manière diffuse. Postscutellum généralement à pilosité blanchâtre.
Male. Absence de brosse de récolte sur les pattes postérieures. Clypeus jaune. Antenne composée de 13 articles. Base des mandibules jaune. Labrum jaune. Apex du Tb3 avec une dent triangulaire et plate; 2 éperons de longueur nettement différente. Pp étroite. Plaque basitibiale parfois jaune. Bt3 sans dent interne. Apex du S8 avec une dent externe très développée. Gonostylus échancré sur moins d’un tiers de la longueur. Europe, Anatolie et Maghreb.
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References

Michener, C.D. 1981. Classification of the bee family Melittidae with a review of species of Meganomiinae. Contribution of the American Entomological Institute, 18, 1-135.
Michez D. & Patiny S. 2005. World revision of the oil-collecting bee genus Macropis Panzer 1809 (Hymenoptera, Apoidea, Melittidae) with a description of a new species from Laos. Annales de la Société entomologique de France, 41 (1): 25pp.
Rasmont, P., P.A.Ebmer, J.Banaszak & G.van der Zanden. 1995. Hymenoptera Apoidea Gallica. Liste taxonomique des abeilles de France, de Belgique, de Suisse et du Grand-Duché de Luxembourg. Bulletin de la Société entomologique de France, 100(hors série):1-98.