Bombus wurflenii
FR : Le bourdon hirsute ; NL: Ruige hommel ; DE : Bergwaldhummel
Author(s) : Morgane Folschweiller
Liste rouge européenne : LC ; Liste rouge de Belgique : RE ; Risque climatique : R
Description. Le bourdon hirsute présente chez nous la sous-espèce mastrucatus (Gerstaecker) qui possède une robe à pelage noir avec un léger collare de poils jaunes et les tergites 4 et 5 à pelage roux. Chez les mâles il y a aussi du pelage jaune entremêlé sur le dessus de la tête, au collare, au scutellare et aux tergites 1 et 2. Les spécimens deux sexes ressemblent donc au bourdon des prés (Bombus pratorum), mais ont un pelage très hirsute et irrégulier, avec une allure caractéristique de « chien mouillé ». L’examen de critères morphologiques (voir clé de Rasmont & Terzo, 2017) permet de les discriminer. Cela passe notamment par l’examen des mandibules, qui comportent 5 dents chez les femelles et 3 dents chez les mâles.
Distribution. C’est une espèce normalement nettement montagnarde : Pyrénées, Massif central, Alpes, Carpates, Balkans, Caucase, Alpes Scandinaves, Oural. Dès lors, on peut s’interroger sur l’observation de 3 spécimens en Belgique. En effet, un spécimen a été collecté sur la côte belge à Heist en 1874, puis un autre à Bruxelles en 1877. Il faut remarquer qu’il existe aussi un spécimen collecté à Paris de 1860. On peut émettre l’hypothèse que cette espèce aurait eu une distribution plus étendue durant le Petit Âge Glaciaire, lequel a pris fin vers 1850. Les quelques individus de Paris, de la côte belge et Bruxelles auraient pu être les derniers survivants de populations reliques, avant rectification climatique de leur aire. La découverte d’un spécimen isolé par un étudiant de Gembloux au Bois de Villers, près de Namur, en 1979, a été très étonnante, plus d’un siècle après la précédente observation. L’espèce n’a plus été revue en Belgique depuis et n’a jamais été observée dans le nord de la France.
Écologie. Le bourdon hirsute est nettement montagnard. Il est surtout présent dans les forêts de l’étage subalpin. Il aime particulièrement les faciès les plus humides. Chose curieuse, il butine plus volontiers par temps de pluie (et même grosse pluie), au contraire de toutes les autres espèces de bourdons.
Inquilinisme. On ne connaît aucune espèce inquiline du bourdon hirsute.
Préférences florales. Nous n’avons aucune donnée sur les choix floraux de l’espèce en Belgique. Ailleurs, on peut constater que les femelles sont des butineuses de fleurs à corolles longues qu’elles percent systématiquement pour atteindre les nectaires. Elles utilisent pour cela leurs mandibules spécialisées. On les trouve en particulier sur les aconits (Aconitum spp.), les trèfles (Trifolium spp.) et de nombreuses Lamiacées, notamment la brunelle à grandes fleurs (Prunella grandiflora).
Statuts. On n’a jamais découvert que 3 spécimens en Belgique, en 1874, 1877 et 1979. Elle est considérée comme régionalement éteinte (RE) en Belgique (Drossart et al., 2019) et est considérée de préoccupation mineure (LC) à l’échelle européenne (Nieto et al., 2014). Notons cependant que cette espèce présente un risque climatique à l’échéance 2100 (R, « climate change risk ») selon Rasmont et al. (2015). On peut faire remarquer que l’espèce semble étendre son aire de distribution vers le nord de la Norvège.