Bombus cullumanus
FR : Le bourdon des Causses ; NL : Waddenhommel
Author(s) : Morgane Folschweiller
Liste rouge européenne : CR ; Liste rouge de Belgique : RE ; Risque climatique : HHR
Description. La robe du bourdon des Causses est entièrement noire avec les tergites 4 à 6 (7 chez le mâle) de couleur rouge. Le mâle est orné de beaucoup de pelage jaune à la tête, au collare, au scutellare et à l’avant de l’abdomen. L’espèce ressemble donc ainsi très largement au bourdon des pierres (Bombus lapidarius) qui est beaucoup plus abondant. La robe ne permet pas de les distinguer et il est nécessaire de contrôler certains critères morphologiques (voir clé de Rasmont & Terzo, 2017) comme le métabasitarse (chez les femelles) ou les genitalia (chez les mâles). La présence potentiellement cryptique du bourdon des Causses dans la région impose de vérifier attentivement tous les spécimens de bourdon des pierres.
Distribution. La distribution originale du bourdon des Causses s’étendait du sud de l’Angleterre à l’ouest jusqu’à la Sibérie Occidentale à l’est, et depuis le nord de la péninsule ibérique et le nord de la Turquie au sud jusqu’à la partie méridionale de la Suède au nord. Toutefois, cette très vaste distribution ne comporte en réalité qu’un très petit nombre de stations dans lesquelles l’espèce a été plus ou moins abondante. On distingue 3 sous-espèces, dont la sous-espèce nominale, occidentale, qui ressemble au bourdon des pierres (Bombus lapidarius). Cette dernière a progressivement disparu de chacune de ses stations d’Europe de telle sorte que dans les années 1990 elle ne restait plus présente que dans les Pyrénées orientales et les régions des Causses du Massif central. Ces dernières populations des Pyrénées et des Causses semblent s’être éteintes au début des années 2000. Toutefois, on pourrait s’attendre à la redécouverte de population reliques dans ces régions. Dans la zone d’étude, le bourdon des Causses n’a été trouvé qu’en Belgique et ses dernières observations datent de 1918 à Bruxelles et dans le Brabant wallon.
Écologie. L’espèce est nettement liée aux milieux ouverts d’apparence steppique. Ceux-ci comportaient jadis, pour la sous-espèce nominale, des landes calcaires maritimes (ex. Suède, Angleterre) et des pelouses sèches (ex. Belgique et Pays-Bas, Massif central, Pyrénées).
Inquilinisme. Rien n’est connu à ce sujet pour le bourdon des Causses.
Préférences florales. On n’a pas de données sur les préférences florales du bourdon des Causses dans la région. Toutefois ailleurs en Europe les femelles butinaient essentiellement les Fabacées et les mâles essentiellement les chardons (Cardueae).
Statuts. Nous ne disposons que de 6 spécimens connus pour la zone d’étude, observés entre 1915 et 1918. L’espèce est considérée éteinte régionalement (RE) dans la liste rouge des abeilles de Belgique (Drossart et al., 2019) et en danger critique d’extinction (CR) à l’échelle européenne (Nieto et al., 2014). Il a en effet disparu de la plupart des pays où il existait au début du XXe siècle. Il ne subsiste plus maintenant qu’en Espagne et dans l’est de la Russie où il est fort rare. Même si l’on découvrait encore quelques populations reliques dans son ancienne aire de distribution, il est probable que le nombre total de reproducteurs survivants soit extrêmement faible (peut-être inférieur à une centaine de spécimens) et l’extinction prochaine de cette espèce est très probable. D’un point de vue écologique, l’extrême raréfaction de l’espèce a certainement résulté de la fragmentation de ses milieux favoris et surtout de la baisse de la disponibilité de ses ressources florales (Fabacées et chardons). Pour finir, Rasmont et al. (2015) montrent que l’espèce est très fortement exposée au risque climatique à l’échéance de 2100 (indice HHR, « very high climate change risk »).